D'un quai à l'autre - Le Havre

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LE CONTEXTE

Au sud du quartier Saint Nicolas, deux quais se font face. Un pont qui les reliait jadis a depuis longtemps disparu. Le quai de la Marne a changé. Un nouveau quartier s’est implanté, de nouveaux habitants sont arrivés, un jardin s’est glissé entre les immeubles et le bassin fluvial. À deux pas de la Cloche des Dockers, le quai de la Meuse a été oublié, entre ville et port, entre friche urbaine isolée et paysage industrio-portuaire. Deux strates étanches et pourtant si proches. Comment réconcilier les deux rives et rétablir un dialogue ? Comment investir une rive, côté port, sans tourner le dos à l’autre, côté ville ? Quels sont les liens qui unissent aujourd’hui la ville et le port ?

 
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LE PROJET GENiUS 2020

Une fois le site identifié, plusieurs thèmes forts ont émergé, puisant leur substance dans ce site délaissé : jouer avec le vent, ne pas tourner le dos à l’eau, valoriser les paysages proches et lointains, les cadrer, donner vie à un jardin, révéler des éléments du passé. Puis le projet s’est construit petit à petit au fil des confinements et déconfinements. D’anciennes pièces du pont, des pavés étaient cachés sous la végétation, il a fallu donc redessiner le site pour donner du sens en imaginant :

  • Un jardin sauvage, côté Quai de la Meuse, comme suspendu au-dessus de l’eau. Le terrain a été préparé, les essences variées du site sélectionnées, taillées, les graines ont été commandées mais n’ont jamais été semées. Les grandes dalles de granit ont été déplacées et implantées en contrebas pour faire office de bancs.
  • Un espace plus structuré, lui répondant, de l’autre côté, Quai de la Marne sur le jardin fluvial.
 
 

INSTALLATIONS

Durant l’été, un grand cadre en bois a été construit, dans la perspective de la rue Bellot, implanté sur la zone d’accès de l’ancien pont. À la manière d’un cadre de scène, il met en lumière le jardin inaccessible situé sur l’autre rive, le jardin sauvage. Quelques emmarchements formant gradins invitent à s’asseoir, à se poser pour contempler le paysage. Ce grand cadre offre aux habitants la possibilité de regarder la ville et le port autrement, d’accueillir des spectacles, ou tout simplement d’y retrouver des amis pour échanger et oublier le contexte de pandémie qui aura ponctué toute cette année 2020.

Du côté du Quai de la Meuse, des chaises inspirées des chaises d’arbitre ont été installées. Là aussi, des emmarchements permettent d’embrasser le paysage à plusieurs, l’oreille bercée par le vent s’engouffrant dans les manches à air blanches et bleues.

 

ÉVÉNEMENTS ET COLLABORATIONS

Aménager un lieu c’est aussi révéler un nouveau territoire et l’investir autrement, créer des événements. C’est aussi faire des rencontres. Cette année, les Gens des Lieux ont partagé leur projet avec la compagnie de danse contemporaine SHIFTS - art in movement, artistes associés au Phare, Centre chorégraphique du Havre-Normandie. Le Samedi 12 septembre 2020, jour d’inauguration sur les quais, SHIFTS a proposé une promenade chorégraphique, inspirée de Sticks créée en 1973 par Trisha Brown permettant de relier un quai à l’autre. Ce jour-là, les Gens des Lieux étaient aussi performers.

Quant au cadre en bois, il n’attendait plus que la musique. Alors la violoncelliste Rebecca Handley s’est installée, là, bien au centre, et les notes ont suivi le fil du vent. Enfin, le son d’une flûte côté cadre a réveillé peu à peu deux saxophones dans le jardin sauvage pour rétablir un lien “harmonique” entre les deux rives (performance sonore de trois membres du groupe LosAnges).

Karine Chevallier (Association Les cueilleurs d’histoires) a recueilli la parole des habitants, passants, acteurs du projet. Un petit cadre a été posé et chacun a choisi son paysage, puis en a parlé. Le 17 octobre, la restitution a été présentée sous forme d’exposition lors des Journées Nationales de l’Architecture et pour la clôture du Festival Zigzag.

La compagnie SHIFTS a investi ensuite le quai de la Marne du 5 au 8 octobre dans un Phare en plein air pour un laboratoire chorégraphique RIM .2 – Redécouvertes des actions qu’on aime en conditions extrêmes (vent et pluie).

Au Hangar Zero, l’artiste vidéaste Laure Delamotte-Legrand a présenté son film RIM 2.1, approche performative du corps dans l’espace.

 

LES GENS DES LIEUX

Le projet est imaginé, créé, monté et animé par Les Gens des Lieux, collectif d’architectes, urbanistes et paysagistes havrais exerçant au sein de structures professionnelles diverses (publiques et privées), partageant une volonté commune de se retrouver autour d’un projet hors norme et de s’engager de manière totalement bénévole le temps d’un événement : Jean-Luc Barrey, Anne Bettinger, Maxime Bricheux, Martin Delarue, Frédéric Denise, Pascal Desplanques, Rachel Doumerc, Thomas Goussin, Dorian Guérin, Thierry Lochard, Virginie Lochard, Dorothée Navarre-Vatinel, Anna Przybill, Marc Vatinel.

 

MERCI !

À Jean-Denis Salesse et Marie Sarfaty (G.P.M.H.), à Anne-Sophie Bertrand et Sophie Bellest (la Maison du Patrimoine), à Stéphanie Boin (CU Le Havre Métropole), à Emmanuelle Vo Dinh et Solenne Racapé (Le Phare Centre Chorégraphique National du Havre Normandie), à Malgven Gerbes et David Brandstätter (compagnie SHIFTS Art in Movement), à Fréderic Denise (Le Hangar Zero) et à tous les participants bénévoles pour leur engagement et leur dynamisme, à tous les soutiens institutionnels du projet.

 

PARTENAIRES 2020

CU Le Havre Seine-Métropole, Le Havre, Le havre port-Haropa, Ville et Pays d’Art et d’Histoire, Région Normandie, DRAC Normandie, Le Phare – Centre chorégraphique national du Havre, SHIFTS – art in movement, Les Cueilleurs d’Histoires, Zigzag – festival d’architecture et des arts de l’espace.

 

Le projet Genius 2020 s’appuie sur une démarche expérimentale qui a pour objectif d’ouvrir le champ des possibles par le biais d’installations architecturales et paysagères éphémères permettant de vivre autrement les lieux. Ces interventions cherchent à mettre en lumière la qualité d’espaces devenus invisibles et proposent aux habitants d’y inventer de nouvelles histoires. Genius 2020 est imaginé et réalisé par Les Gens des lieux, collectif d’architectes, urbanistes et paysagistes havrais en partenariat avec la Maison de l’architecture de Normandie – le Forum.