EOP – Espaces d’Œuvres Photographiques

08 septembre 2023 au 26 novembre 2023

Expositions photographiques à Rouen & Bois-Guillaume

EOP, temps fort consacré à la photographie documentaire en extérieur, expose cette année trois photographes sur les grands enjeux climatiques à venir. Positionnées dans l’espace public, les expositions transforment l’espace urbain du quotidien. La photographie se constitue en œuvre d’art accessible à tous, ouvrant un dialogue avec les visiteurs.

3 expos, 3 photographes, 3 lieux :

  • Piégés par la montée des eaux, Adrienne Surprenant, quais bas rive gauche – Rouen
  • Menace sur le lac Albert, Robin Letellier, place des Erables – Bois-Guillaume
  • Prise de terre, Rima Maroun, place du chêne rouge – Rouen

Commissariat d’exposition : Marie-Hélène Labat et Serge Périchon. Projet porté par la Maison de l’architecture de Normandie – le Forum et La Loge des auteurs photographes.

Avec le soutien de : Ministère de la Culture – DRAC Normandie, Région Normandie, Métropole Rouen Normandie, villes de Rouen et de Bois-Guillaume, Rouen Seine Normande 2028, PICTO fondation et La SAIF.

Accès libre en extérieur
Rouen : quai bas rive gauche au niveau du pont Boieldieu et Place du Chêne rouge
Bois-Guillaume : place des Erables au niveau de l’école élémentaire Les Portes de la Forêt
Visite guidée pour les groupes et scolaires sur rendez-vous : 70€/h TTC (sur devis ou pass culture collectif)

© Adrienne Surprenant

Dossier de presse EOP 2023

 

Plus d’information sur les trois expositions 

Piégés par la montée des eaux
Chaque année, le Soudan du Sud connaît une saison des pluies. Mais depuis 2019, les niveaux d’eau ont atteint des records.
Cette année, les inondations ont déplacé plus de 700 000 personnes, soit environ 1 personne sur 15 au Soudan du Sud. Certaines mères avaient si peu à manger qu’elles ne pouvaient pas allaiter. Les cas de paludisme et d’autres maladies causées par les eaux ont augmenté. Les villageois passent des journées entières à construire des digues de boue qui constituent leur seule protection contre les eaux.
Parmi les personnes les plus vulnérables chaque année figurent les habitants des villages du Sudd – une vaste zone humide aux herbes si épaisses que son nom est dérivé du mot arabe signifiant « barrière ». Ici, le Nil blanc et ses affluents ont gonflé à des niveaux que les gens disent n’avoir jamais vus.
« C’est l’un des pires scénarios possibles », a déclaré le climatologue Mouhamadou Bamba Sylla.
La montée des eaux est à l’origine de ce qui, selon le Programme Alimentaire Mondial, est la plus grande crise alimentaire à frapper le Soudan du Sud depuis son indépendance en 2011. Plus de 60% de la population est considérée comme étant à un niveau de crise ou pire.
Les climatologues affirment que les inondations de 2019 et 2020 ont été provoquées en partie par des changements liés au réchauffement climatique dans un modèle météorologique appelé le dipôle de l’océan Indien. En Australie, ce phénomène a provoqué des feux de brousse sans précédent en 2019 et 2020. En Afrique de l’Est, il a entraîné des inondations extrêmes. Les pluies de cette année ont catastrophiques pour une raison différente : l’eau des deux dernières années ne s’est tout simplement pas retirée.
Le directeur national du PAM, Matthew Hollingworth, l’a exprimé ainsi : « Vous avez un choc qui en aggrave un autre, qui en aggrave un autre. Dans un pays déjà si fragile, le changement climatique est l’un des plus grands facteurs potentiels de déstabilisation. »
Les inondations n’entraînent pas seulement la malnutrition. Il y a également eu des pics de paludisme, de morsures de serpent et de diarrhée, selon le personnel de Médecins sans frontières, qui gère l’un des seuls hôpitaux de la région à Old Fangak, une ville située au cœur du Sudd.
Vue d’en haut, la destruction est évidente : les maisons sont submergées les unes après les autres. Des villages entiers sont abandonnés. Des parcelles de terre autrefois utilisées pour l’agriculture sont submergées. Et les habitants de la région sont contraints de vivre avec l’eau.
L’artère principale de Old Fangak était autrefois en terre ferme. Puis elle s’est transformée en un énorme canal d’eau sale qui atteint parfois la taille. La vie quotidienne ici – y compris se rendre à l’école, à l’église, au marché ou à l’hôpital – est une adaptation.
Avec la journaliste Rachel Chason, édité par Olivier Laurent pour le Washington Post.
Bio Adrienne Surprenant 
Née en 1992, Adrienne Surprenant est une photographe canadienne basée en France. Après des études de photographie au Collège Dawson, elle a affirmé son écriture documentaire en abordant des sujets au long cours, au Nicaragua (2014-2015), puis entre le Cameroun et la République Centrafricaine (2015 à 2021).
Ses thématiques de prédilection se situent à la lisière entre le visible et l’invisible, espérant rendre aux situations qu’elle aborde la complexité qui peut permettre de s’y confronter de façon honnête et empathique. Identité, santé mentale, droits humains et environnement s’entrelacent dans ses projets, qui rendent compte de la réalité crue du monde. La photographie est un engagement social sans concession.
Ses travaux ont été publiés dans de nombreux médias internationaux, dont Washington Post, Time, The Guardian, Le Monde, Le Monde Diplomatique, Al Jazeera & The New Humanitarian. Ses clients incluent Médecins Sans Frontières, UNHCR, et Greenpeace. Ses séries ont été exposés au Canada, en France (Visa pour l’image, 2015) et en Angleterre. Elle est boursière de la National Geographic Society, du Wellcome Trust, de la SCAM & de IWMF. Elle a suivi deux formations HEFAT depuis 2017. Adrienne rejoint MYOP en 2022.

 

Menace sur le lac Albert
Quand le développement d’un pays repose sur les pétrodollars.
A l’heure où le Monde ne parle que d’énergie verte et de réduction des émissions de CO2, la compagnie pétrolière française TotalEnergies se lance dans un projet pharaonique en Ouganda. Tilenga est le plus grand projet pétrolier du moment. Quatre cents dix-neuf forages sont effectués sur les rives du lac Albert où reposent l’équivalent de 6,5 milliards de barils de brut. L’Ouganda dispose des 4ème réserves d’Afrique subsaharienne. Elles devraient durer de 25 à 30 ans. Une estimation de 216 000 barils de brut par jour sera acheminée vers le port tanzanien de Tanga, sur les bords de l’Océan Indien, par l’East African Crude Oil Pipeline (EACOP), le plus long oléoduc sous-terrain et chauffé du monde, d’une longueur de 1 445 km.
L’Etat ougandais, après des négociations de plus de 15 ans, espère retirer de cet or noir un maximum de revenus et son indépendance financière et économique. Il investit déjà dans le développement d’infrastructures, majoritairement réalisées par les Chinois, gageant les pétrodollars à venir. « Je ferai passé l’Ouganda de pays à faible revenu à pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure » déclarait le président Yoveri Museveni en 2022. Le projet Tilenga bouleverse totalement le territoire, ses habitants, son environnement, son économie.
Le lac Albert est le troisième lac le plus poissonneux au monde. Il est un déversoir naturel pour le Nil dont il fait la jonction entre le Nil Victoria et le Nil Blanc. Son delta regorge d’une vie abondante tant en nombre quant diversité. Il forme une frontière naturelle de 160 km de long séparant l’Ouganda de la République Démocratique du Congo (RDC). Le Parc National des Murchison Falls y voit sa limite occidentale et la Réserve d’animaux de Bugungu sa limite nord. C’est sur ce territoire que le projet Tilenga voit le jour. Sur les rives du Lac Albert, à Buliisa, centre opérationnel du projet Tilenga, vivent des pêcheurs et des paysans plus habitués à une vie autarcique à base d’échanges qu’à une économie ouverte et monétaire. Les expropriations ont commencé depuis six ans. Les compensations n’ont pas été à la hauteur pour la plupart des personnes qui les ont acceptées, les spoliant de leur moyen de subsistance, la culture de leur terre, avec très peu d’espoir de trouver en échange le travail promis par les promoteurs de ce projet : TotalEnergies (France), CNOCC (Chine) et les États Ougandais et Tanzanien.
A 80 kilomètres au sud, la ville de Hoima est appelée à devenir le centre pétrolier de l’Ouganda. Déjà, un aéroport international est en en fin de construction. Les plus gros avions-cargos au monde pourront y atterrir pour les besoins de l’industrie pétrolière. Et ensuite, d’après les promoteurs, viendra le flot de touristes. Il devrait entrer en service dans le deuxième semestre 2023. Ce chantier a généré les mêmes problèmes qu’à Buliisa, laissant les déplacés désœuvrés et un trou béant dans la forêt.
Si TotalEnergies dit respecter scrupuleusement l’ensemble des normes internationales en matière d’environnement et de droits humains, sur le terrain des Personnes Affectées par le Projet (PAPs) se sont groupés en associations pour faire valoir leurs droits, rejoints et supportés par des ONG françaises et internationales (Survie, Les Amis de la Terre, 350.org, Youth for Climate…). Des procès et des pourparlers sont toujours en cours pour régler les conflits existants.
La compagnie pétrolière française se défend et communique sur le relogement des PAPs, le « bilan écologique positif » du projet avec campagnes de reforestation, réintroduction et protection d’espèces animales. Pourtant, les ONG et les scientifiques dénoncent les conséquences écologiques de ce projet pétrolier « climaticide ». Plus de 50 % des espèces d’oiseaux et 39 % des espèces de mammifères vivant sur le continent africain sont représentées dans le bassin du Lac Albert. Les scientifiques estiment que ce projet « émettra, sur les vingt-cinq années annoncées, plus de 379 millions de tonnes équivalent CO2. » Les ONG alertent aussi sur les déplacements massifs des populations et la multiplication des menaces, intimidations et persécutions des leaders communautaires, des organisations de la société civile et des journalistes qui se mobilisent et dénoncent publiquement les impacts du développement pétrolier en Ouganda.
Textes : Robin Letellier
Ce reportage est issu d’une commande et a été publié dans La Croix L’Hebdo du 23 avril 2021 sous la plume de François d’Alançon. Il est mon point de départ pour un reportage au long court sur les projets Tilenga et EACOP et leurs conséquences sur les populations, l’économie et l’environnement. J’effectuerai au moins un voyage par an ou m’installerai sur place jusqu’à la sortie du premier baril de pétrole prévue en 2025.
Bio Robin Letellier 
Robin Letellier est un photographe français né à Rouen, en France, en juillet 1966. En 1988, après des études plus ou moins réussies à la Faculté des Affaires Internationales de l’université du Havre, Il part en Chine pendant neuf mois comme étudiant et professeur de français à l’Institut des Langues Étrangères de Dalian. C’est là qu’il prend conscience de sa relation avec la lumière, avec la photographie. Il retourne en Chine en 1993, pour faire un reportage à vélo entre Beijing et Nanjing le long du Grand Canal Impérial puis rallie Shanghai.
Avant cela, pendant son service militaire, il avait réussi à devenir photographe des armées.
Il était maintenant certain que la photo était son truc. En 1991, il intègre l’équipe du feu festival international de photographie Les Rencontres Photographiques de Normandie où il accueille et côtoie des photographes du monde entier. L’une de ces rencontres le mène au Canada où il travaille quelques mois de l’année 1992 à La Presse de Montréal. Devenu photojournaliste, il voyage en Europe, en Asie et en Afrique. Il collabore avec l’agence SIPA PRESS à Paris et quelques journaux et magazines. En 1995, il obtient le 1er prix du jeune photojournaliste au festival photographique d’Angers pour un reportage sur le pèlerinage des scouts d’Europe à Vézelay.
En 1996, rattrapé par la réalité financière, il dépose ses appareils et commence une carrière de webmaster et chargé de communication numérique.
En 2010, après une période de photographe-chômeur, il devient photographe municipal pendant
3 ans pour la ville de Sotteville-lès-Rouen, en France, où il se réapproprie la photographie avec l’avènement du numérique. Redevenu photographe indépendant, il travaille pour la presse, les collectivités locales et finance ses voyages sur ses fonds propres. En 2016, pour ses 50 ans, il tombe amoureux de l’Ouganda. Après cinq séjours de plusieurs mois pendant cinq ans, il décide de s’y installer en 2022.

 

Prise de terre
Au début de la pandémie de Covid-19, j’ai eu le sentiment étrange qu’une nouvelle ère s’ouvrait, que c’était la fin du monde qu’on connaissait. S’annonçait une période de peur, de doute, de séparation et de changements radicaux. J’ai été plus d’un mois confinée dans un complexe, loin de mon domicile, le monde, autour, au ralenti dans un chaos d’incertitudes. Mais l’endroit le plus sécurisant pour moi était l’extérieur. Besoin d’air frais et de me connecter à la terre. J’ai commencé cette série allongée sur le sol d’une piscine vide, puis je me suis échappée dans la nature ou dans des lieux quasiment abandonnés, les gens étant cloîtrés. En août 2020, il y a eu les explosions au port de Beyrouth. Face à cette catastrophe, celle du Covid-19 est apparue alors minime. J’ai terminé la série avec des clichés de ma ville, m’accrochant à tout ce qu’il en restait. Me rappelant ainsi, que seule la terre était mon terrain stable.
Bio Rima Maroun
Rima Maroun, née en 1983, est une photographe et performeuse libanaise basée à Beyrouth. Lauréate en 2008 du prix de la Fondation euro-méditerranéenne
Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures avec sa série « Murmures », elle expose son travail à travers le monde. En 2007, elle cofonde le Collectif Kahraba, un collectif d’artistes avec lequel elle s’est produite dans différents projets théâtraux, et participe à
à l’organisation du Nehna wel amar jiran Festival depuis sa première édition en 2011. En 2017, elle cocrée une résidence artistique multidisciplinaire la Hammana Artist House. Elle poursuit parallèlement projets personnels et collectifs.
ÊTRE FEMME PHOTOGRAPHE
” J’ai consciemment décidé qu’être femme artiste serait un avantage dans un monde dominé par les hommes. Que ce que j’avais à dire prenait sens à travers mon regard de femme ; c’est ce qui m’a démarqué dans mon travail. J’ai réussi à dépasser ce que l’on attendait de moi en tant que femme photographe libanaise. Je conserve l’intégrité de ce que je suis en tant qu’artiste. “
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